Bouclez-la !!! Incroyable mais vrai !
Lisez ce témoignage et vous n'en croirez pas vos oreilles.
Mais jusqu'où irons-ils ? (NDLR)

Ecoutes téléphoniques, filatures et ... internement abusif.

Le contexte

J'ai occupé, durant dix années, un poste de confiance auprès du Président d'un très grand groupe industriel français.

J'étais tellement digne de confiance que mon employeur m'a demandé de dactylographier le texte d'un important montage financier, et ordonné de l'antidater lourdement.

L'enquête des Autorités boursières consécutive à ce faux en écriture a terrorisé mon patron. Destruction de mon ordinateur de bureau, bain prolongé du disque dur dans la Seine, bain prolongé de mon imprimante dans la Méditerranée (confidence du chauffeur) ... J'ai tenu mon rôle. Avec loyauté. J'ai menti aux autorités, aux organismes assermentés, bref, j'ai pris le parti de mon patron.

J'ai été récompensée pour cet acte de dévouement : non, non, n'imaginez pas qu'il m'ait offert un bouquet de roses.......

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J'ai d'abord été déclassée, envoyée en filiale, affectée à un poste où mon travail consistait à coller 600 enveloppes par heure (j'ai 143 de quotient intellectuel, parle couramment cinq langues, une puissance de travail que beaucoup m'envient) sous la férule d'un contremaître dépressif. Passons !

Mon salaire m'avait été maintenu et j'en avais besoin. J'ai fait le dos rond, j'ai tenu bon en attendant des jours meilleurs.

Mais mon employeur a craint que je ne parle à la presse ou à la magistrature. Après une rude année au travail (changements délétères dans l'attitude de mon entourage professionnel, mise dans un placard sans hublot, ...), je m'aperçois en mai 2003 que, depuis treize mois, mon employeur a chargé un cabinet de police parallèle de surveiller mes moindres déplacements privés et de placer mes deux lignes de téléphone personnelles sous écoute. Si j'avais été, un tant soit peu, paranoïaque, je l'aurais constaté bien avant. Mes collègues de bureau étaient informés, les signes étaient nombreux, mais je ne me suis aperçue de rien.

Les circonstances

Imaginez votre état de trouble lorsque enfin vous ouvrez les yeux.

Vous passez votre temps à vous remémorer votre agenda : tel jour, untel m'a appelée et nous avons eu une conversation intime ; tel jour, Yvonne (en stade terminal de cancer) m'a téléphoné et nous avons prié ensemble.

Le mois dernier, ma petite Isabelle m'a raconté dans le détail sa première expérience sexuelle et ses émotions ; plus mes incorrigibles infidélités, plus mes petits bobos, plus mes mots d'amour, plus mes injures, mes coups de gueule avec mes proches ... Imaginez votre état d'esprit. C'est à devenir folle.

Vous voilà insomniaque, vous maigrissez à vue d'œil, vous pleurez de rage ... Vous êtes morte de honte. Quand, pour préserver votre couple, vous sortez la nuit pour pleurer sur un banc public, vous êtes mitraillée de photos ; lorsque vous trouvez refuge dans un lieu de culte pour laisser couler vos larmes dix minutes sur une chaise en paille, on vous prend en photo (c'est si beau un être humain dans la détresse) et l'on se met à siffler parce que dix minutes, c'est long, qu'on a autre chose à faire et que la séance-photo a assez duré.

Le 19 juin 2003, je confie à ma hiérarchie que j'ai découvert filatures et mise sous écoute.

A partir de là, les choses vont très vite. Elle court prévenir la DRH que j'ai (enfin !) découvert le pot aux roses. Le chef du personnel me convoque le 24 juin pour m'annoncer que je devrai me présenter à l'ACMS (Médecine du Travail) le 26 juin. Il dit vouloir me protéger.

Pour me protéger, il lui aurait tout simplement suffi de demander à notre Responsable de la Sécurité de m'accompagner pour interroger le motard qui surveillait, deux fois par jour, mes entrées et sorties du bureau. Et de lui demander ce qu'il faisait là, planté devant notre Etablissement, depuis treize mois. Mais, vous l'aurez compris, le rôle du chef du personnel n'était évidemment pas de démontrer que je ne suis en rien paranoïaque.

L'internement

Le 26 juin, j'étais en congés, ma demande d'absence dûment acceptée par ma hiérarchie depuis quinze jours et transmise à la DRH.

La suite de mon récit va vous montrer qu'il était important que je sois convoquée ce jour-là précisément : un rendez-vous avait été organisé pour ma petite personne !

Je me suis donc rendue à l'ACMS. Seule et le cœur léger de plus, pensant qu'il s'agissait pour moi d'évaluer mes préjudices. Je trouve le médecin du travail dans tous ses états.

Elle me dit avoir passé une nuit blanche. Elle m'explique qu'elle a reçu des ordres de sa hiérarchie pour me faire conduire à l'hôpital psychiatrique de Sainte-Anne, que mon DRH lui a dicté une lettre, qu'elle a été obligée de rédiger cette lettre. Elle me dit laconiquement "Vous allez m'en vouloir mais je n'y peux rien. Il ne fallait pas inventer des écoutes téléphoniques. Les écoutes téléphoniques, ça n'existe pas !". Elle ne me donne pas lecture de sa lettre.

A partir de là, ça devient plus drôle.

J'arrive sous escorte à Sainte-Anne. La voiture qui m'amène est suivie par une moto dont je reconnais formellement l'un des deux passagers, l'un des nombreux groupies qui me suivent nuit et jour, mais je n'en fais nullement état.

Je suis accueillie par le Docteur A.P. Par définition, quand vous vous présentez aux urgences d'un établissement médical, sauf cas d'immense coïncidence, vous rencontrez pour la première fois le médecin qui vous reçoit et ce même médecin vous voit pour la première fois.

Je n'ai jamais rencontré le Dr A.P. JA-MAIS ! En revanche, le Dr A.P. me connaît mieux que s'il écoutait mon téléphone ou me suivait nuit et jour ! Je suis restée huit minutes devant ce bipède. J'étais très calme. Profondément calme. Souriante même puisque c'est lui-même qui l'écrit dans son compte rendu. Il est mal à l'aise devant mon calme, ma tenue soignée. Il ponctue chacune de ses phrases par un "je ne comprends rien à tout ça, je ne comprends rien".

Dialogue :

A.P. : "Je dois vous faire interner parce que vous êtes très dépressive".

Hanna Brewski : "Qu'est-ce qui vous fait dire que je suis dépressive ?".

A.P. : "Hier soir, dans le métro, vous avez lu un document sur les testaments et les incinérations" [Gagné ! C'est exactement le titre du document. Je l'ai gardé].

H.B. : "Vous êtes en train de vous prendre les pieds dans le tapis, Monsieur ".

A.P. : "Vous avez envoyé par Internet un e-mail à l'un de vos proches hier soir. Ce que vous avez écrit peut faire penser à un message d'adieu" [je précise qu'il s'agit de ma ligne Internet personnelle et non pas d'un e-mail professionnel].

H.B. : "De nouveau, vous vous prenez les pieds dans le tapis, Monsieur ".

A.P. : "Je dois prévenir votre famille ou l'un de vos proches".

H.B. : "Je ne vous donnerai les coordonnées de personne. Je ne vous autorise pas à inquiéter ma famille ou l'un des miens. Faites comme si j'étais seule au monde. Si vous me pensez fatiguée, vous pouvez me conseiller d'aller en maison de repos. Je tiendrai compte de votre conseil puis je déciderai. Mais vous n'avez pas à m'interner de force dans un asile psychiatrique".

A.P. : "... Mais vous avez un frère".

H.B. : "Ça aussi, c'est inscrit sur mon visage ?".

A.P. : "Il habite dans le Val-de-Marne. A Vitry, je crois".

Il atteste que je suis persuadée que le CPOA est au courant du complot à mon encontre (on le serait à moins !) et demande mon internement sans consentement selon l'article 13212.1 du CSM.

Il termine son entretien très mal à l'aise et lâche : "Je ne comprends rien, ON m'avait dit que vous seriez hystérique, ON m'avait dit que vous vous rouleriez par terre, ON m'avait dit que vous tenteriez de vous enfuir. Or, vous êtes étrangement calme. Il va falloir que vous buviez le petit verre d'eau qui est près de vous. ON m'a prévenu que vous refuseriez de le boire, aussi j'ai fait préparer la même dose en injection. Soit vous buvez, soit je vous pique".

Réponse : "Je n'ai, jusqu'à présent, opposé aucune résistance et je vais boire votre petit verre d'eau. Pour une fois que je bois un coup à l'œil ! Juste une question avant d'avaler votre sirop-typhon : est-ce que vous aviez des ordres ?". Le docteur A.P. a (enfin !) baissé les yeux et répondu à mi-voix "Oui.".

Le petit verre d'eau m'a fait dormir 27 heures. Je me suis réveillée dans un asile psychiatrique et n'ai pu articuler la première parole qu'au bout de 72 heures.

Comment résumer un mois en asile psychiatrique ? Dire que l'on y vit l'enfer tient de l'euphémisme. Ce ne sont ni les jours, ni les heures, ce sont les minutes qui ne s'écoulent pas.

Les parois latérales en verre des portes de cellule qui vous font sortir de la douche sous l'œil torve de huit malheureux, internés depuis trois mois (eh oui, c'est mixte !), les hurlements des Alzheimer la nuit, les conversations avec ceux qui ont trois rhinocéros dans l'œil droit et un iguane dans l'œil gauche le jour, les camisoles de force et piqûres de lithium autour de vous, les crachats dans les trois cuillers de soupe que l'on vous laisse généreusement pour tout repas, ... toutes ces sucreries, je donnerais tout ce que je possède pour parvenir à ne plus y penser, ne fut-ce qu'un quart d'heure par jour.

Le médecin du travail m'a téléphoné lors de mon internement. Pour me dire cyniquement que le DRH et elle-même reconnaissaient "y être allés un peu fort" en m'internant et qu'en conséquence, ils donneraient toutes instructions pour que l'internement soit suivi d'un mois de maison de repos pour me remettre de l'asile psychiatrique !!

Elle m'a informée que des ordres avaient été donnés pour que le séjour en asile dure un mois et lorsque j'ai supplié en disant qu'avec tout le courage du monde, je parviendrai à "tenir" 48 heures dans cet enfer mais pas plus, elle a hurlé "J'en ai rien à foutre, j'en ai rien à foutre" et elle a raccroché.

Ma famille a eu beau tempêter, implorer chaque jour les psychiatres, témoigner des filatures et écoutes téléphoniques, le calvaire a effectivement duré un mois.

Le dossier du Dr A.P. à mon encontre était tellement peu préparé d'avance que les experts psychiatres de la CPAM m'ont adressé, en date du 26 juin 2003 (le jour-même !), un certificat attestant de troubles graves de la personnalité assorti d'une ALD 30 pour une durée de cinq ans renouvelable.

Mon voisin de cellule à l'asile, le moins atteint, le plus doux, le pacifiste (juste quelques coups de couteau sur femme enceinte, le moins atteint donc) a mis six mois pour obtenir une telle attestation.

Une petite cerise sur le gâteau pour finir : j'ai dû payer mes frais de séjour non remboursables par notre brave Sécurité Sociale !

Les consequences

Les conséquences de ce passage chez les aliénés ? Des pages entières ne suffiraient pas. Il faudrait un livre pour décrire cette "étoile jaune à vie" qu'arborent les victimes dans leur tête et dans leur vie quotidienne.

La dépression réactionnelle (dix mois enfermée à la maison, dans le noir, à avaler par poignées de puissants somnifères pour ne plus "y" penser) ... la vie sociale brisée ... l'expert de la Sécurité sociale qui prononce une mise en invalidité en un temps record ...

Bien entendu, aucun des 720 salariés de mon entreprise ne s'est manifesté depuis ma disparition du bureau en juin 2003. Sauf deux de mes collègues qui, dans une lettre malheureusement non signée, m'expliquent les pressions qu'ils ont subies, les attestations à mon encontre extorquées sous la menace, le nom de l'officine de police parallèle qui s'est acharnée sur mon cas durant 13 mois à mon insu, les briefings au PC de Sécurité chaque matin pour transmission des directives de harcèlement pour la journée ...

Les remerciements

Mon employeur adresse ses sincères remerciements au contribuable français.

Grâce à lui, une pension d'invalidité va m'être versée jusqu'à l'âge légal de la retraite. Grâce à lui, chaque nuit, il dormira du sommeil du juste. Grâce à lui, le cours de son action continuera d'enflammer le firmament du CAC 40.

Contact : hbrewski-AT-yahoo.fr

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