Une partie du témoignage de Céline.
C'est vrai, c'est poignant, c'est incroyable !

"Ceci est une petite partie de ma vie, deux chapitres environ, tirés d'un livre en cours de rédaction, concernant mes pratiques occultes. Ces faits datent de 1986/1988. J'avais donc 18/20 ans (faites le calcul!). C'est en août 1994 que deux filles m'ont parlé de Jésus-Christ. Dieu s'est révèlé dans ma vie: Il m'a d'abord donné la foi puis Il m'a montré par des signes et des miracles sa Puissance et son amour pour moi personnellement. En octobre 1994, par la prière, j'ai senti un démon sortir de mon corps. Ce devait être l'esprit d'occultisme. Je ne l'ai pas senti entrer en moi mais en sortir, au Nom de Jésus, oui! Ca décoiffe! J'aimerais dire à ceux qui se reconnaîtront au travers de mon récit, à ceux qui vivent actuellement ce genre d'expèrience, que Jésus-Christ seul peut vous sortir de là. Il est plus fort que Satan. Lui seul peut vous libèrer de ces puissances démoniaques. Je vous en souhaite bonne lecture (même si un peu longue). Céline

CHAPITRE III LE MONDE DE L’OCCULTE C’est drôle ! C’est aussi à cette époque là que je me suis « découvert » des dons occultes. J’avais des flash, soudainement je savais lire les cartes etc…Plus étrange encore, je ne rencontrais que des personnes plus ou moins liées à ce genre d’activité… Ma première rencontre du « troisième type» a eu lieu à Belfort, pendant mon stage. J’avais donc 17 ans et demi. J’allais chaque matin à la brasserie en face boire mon café avant de prendre le bus. Un matin, pas comme les autres celui-là, un type (bel homme en plus) que je voyais pour la première fois, passa son temps à me dévisager. Il le faisait à travers les miroirs de la brasserie. C’était insistant. Presque pénible. Cela s’est reproduit le lendemain, puis le surlendemain. Cette fois j’en avais marre… Je décide donc dans le train qui m’amenait en ville d’aller lui demander s’il voulait ma photo… Surprise ! J’arrive devant la brasserie et je lis : fermé pour travaux. Comme devant toute gare, il y avait bien sûr d’autres brasseries, que j’aimais moins. J’entrai donc dans l’une d’elle pour y prendre mon café. Celle-ci ressemblait à un long et large couloir où des grandes baies vitrées se succédaient. Il n’y avait pas grand monde. Peut-être était-ce une période de vacances scolaires. Je commande donc mon café. D’un coup, devinez qui entre… Il passe devant moi sans tourner la tête (ah ?) et va s’asseoir un peu plus loin. Bien sûr, pas de dos, de face ! En plein dans ma ligne de mire… Là, c’est décidé, je me lève. J’ai quelques questions à lui poser. Je suis arrivée en retard à mon cours ce jour-là. Après quelques minutes de sereines explications, oui il était très serein, il me fit l’exposé de tout mon passé… J’avais l’impression d’avoir été mise à nu ! En même temps, j’étais surprise et ma curiosité n’eût que plus soif encore de révélations. A partir de ce jour, nous nous sommes retrouvés tous les matins pour le café. Nous étions devenus amis. Il avait loué un petit appartement au dessus de la brasserie depuis peu qu’il était arrivé à Belfort. Une pièce lui servait de « cabinet de consultations ». Il s’appelait Patrick surnommé Me Makounda (pour un blond aux yeux bleus, ce sont des détails qui ne s’oublient pas !). En réalité, il était « voyant, médium, fakir et hypnotiseur. » Rien que ça ! J’allais de plus en plus le voir, c’était « plus fort que moi. » Son mysticisme m’envoûtait presque et j’avais le privilège d’être la seule fille avec qui il s’était lié d’amitié. Il avait quelques copains quand même mais je ne les ai que très peu croisés. En fait, nous passions beaucoup de temps à bavarder. Cela occupait aussi un peu son temps libre. Il n’y avait pas encore une grande affluence dans son cabinet. Mais il devait quand même y rester, ne serait-ce que si le téléphone retentissait. Je l’appréciais vraiment. A tel point qu’un jour je lui ai légué une chaîne que j’avais autour du cou avec un médaillon tout doré représentant un œil en amande. Il l’avait tout de suite portée et cela m’avait fait plaisir. Un jour, il quitta donc le bureau derrière lequel il avait sa place et me demande de rester là et de surveiller le temps qu’il aille chercher un paquet de cigarettes. Il ajoute « ne touche aucun des livres. » La phrase en trop ! Autour de son bureau, outre un sabre en décoration sur le pan du mur derrière le bureau, il y avait le long du mur des étagères contenant des tas de livres. Il devait y en avoir deux ou trois cents. A peine eut-il descendu les escaliers que je m’approchai et lus les titres des ouvrages. Tous étaient relatifs à l’occulte : sorcellerie, spiritisme, interprétation des rêves, vaudou etc. Je fus attirée par l’un d’eux. Mais tout cela ne me faisait absolument pas peur. Patrick non plus d’ailleurs, malgré ce que je savais de ses « pouvoirs. » Je l’ouvris donc au hasard des pages et je tombai sur un rite satanique où il était question de sacrifice humain. Là, je peux te dire que j’ai eu comme un nœud dans l’estomac, une réelle aversion. Je ne comprenais pas, et pas plus aujourd’hui, comment des personnes pouvaient aimer regarder des films d’horreur… Mais alors là ! Très vite, je refermai ce bouquin, regrettant même de l’avoir ouvert et je le reposai bien soigneusement là où je l’avais pris. Sans paniquer. Je savais qu’il lui faudrait un peu de temps pour revenir et de plus, les escaliers étant en bois, je l’aurais largement entendu rentrer. Puis je me réinstallai sur mon siège face au bureau. Aussitôt rentré, il me questionna : « - ça va, pas de coup de fil, rien ? -Tranquille. Soudain il tourna la tête et fixa les étagères, comme si on l’avait appelé. J’étais stoïque. Puis il se lève, tend le bras et prend le livre que j’avais soigneusement reposé à sa place. -Pourquoi as-tu touché ce livre ? Je t’avais dit de ne pas les toucher ! dit-il en colère mais plutôt tourmenté. -Comme ça, pour voir… Je n’ai pas pu m’en empêcher… Il le rangea puis n’en reparla plus. Nous nous ennuyions parfois alors un jour je lui ai demandé de me tirer les cartes. J’ai insisté car il ne voulait pas, en connaissance de cause… Mais j’ai tellement insisté qu’il a fini par céder. Il a donc posé les cartes et au fur et à mesure qu’il les retournait, je lisais comme une panique sur son visage. Finalement, il ne m’a quand même pas dévoilé ce qu’il « voyait ». Un jour je lui ai demandé qu’il m’hypnotise. Il n’y est pas arrivé. Ses yeux ont commencé à rougir, puis à pleurer. Pas les miens. On n’a jamais recommencé cette expérience. Le temps passait. J’étais partie à Mulhouse donc je ne le voyais plus. Quand je suis revenue me balader à Belfort, je suis directement allé le voir. Il n’était plus là. D’après le concierge, il était parti juste la veille, sans laisser d’adresse (à mon grand désespoir). Quelques jours seulement après son départ, et mon passage, la brasserie et tout l’immeuble ont pris feu. Il y a eu plusieurs décès. Cet événement est encore dans la mémoire de beaucoup de belfortains. Tout a été déblayé. Maintenant il n’y a plus rien d’autre qu’un parterre de cailloux. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris la réelle origine de ce terrible malheur. Patrick lisait dans mes pensées. Il m’a surprise une fois. Je le regardais en pensant qu’il était vraiment beau et que je flirterais bien avec lui. A peine cette pensée évanouie qu’il me répond « - Non Céline. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas le droit d’avoir une femme. -Ah ? Tu es déjà marié ? m’enquiers-je… -Je l’ai été. Deux fois. L’expression de son visage laissait paraître de la tristesse. -Et tu n’as pas d’enfants ? -Non. Je sentais qu’il n’était pas à l’aise du tout mais je voulais en savoir plus. -Tu les revois encore ? -Elles sont mortes. Stupéfaite ! Je ne savais plus que dire mais quand même, c’est vraiment pas de chance un truc pareil ! Il continua de lui-même, peut-être cela le soulageait de parler de ces drames à quelqu’un. C’est ainsi qu’il m’expliqua que toutes les deux sont décédées dans un accident de la route sur une ligne droite au même endroit. Chacune en son temps. Il savait pertinemment qu’il lui était interdit d’avoir une femme. Ce n’était pas seulement à cause des évènements. Il avait une autre raison qu’il n’a pas pu me dévoiler. Il finit par me dire : -Je ne sortirai pas avec toi. Il ne t’arriverait que des malheurs. -Comment peux-tu en être sûr ? -Je le sais, c’est tout. » [...] Comme je le disais précédemment, j’ai donc perdu sa trace. Un jour, j’étais au lavomatique et bien entendu, j’y restais avec un magazine le temps que le linge tourne et qu’il sèche. J’aimais encore bien. Il y avait notamment un jeune, comme moi, qui venait régulièrement là pour son linge. Nous sommes devenus copains. Un jour, il m’a avoué qu’il était sdf et qu’il était hébergé chez un copain mais qu’il le trouvait un peu bizarre. Evidemment, curieuse que je suis, je le questionne pour en savoir d’avantage. Et voilà qu’il me décrit le médaillon…C’était lui ! Lorsque je lui ai déclaré qu’il devait s’appeler Patrick, étonné il hocha la tête affirmativement. Dés le lendemain, nous nous sommes retrouvés et il m’a emmenée chez Patrick. Vous devinerez…Il était parti le matin même sans laisser d’adresse…Etrange, non ? Les personnes qui exercent le métier de devin ( cartomancien, tarologue, lignes de la main, magnétisme, et j’en passe et des meilleures), ont pour maître le diable. Ils ne le savent pas tous. Certaines personnes croient détenir ce don de Dieu. C’est un mensonge. Pour en revenir donc à la brasserie qui a brûlé, là où Patrick exerçait, il ne faut pas se leurrer quant à l’origine de ce drame : la malédiction. Je ne sais pas s’il avait fait quelques incantations que ce soient, ce dont je suis certaine, c’est qu’il servait Satan et il le savait. A quel degré ? je ne sais pas. Je crois que de puissants mauvais esprits se sont donc, au travers de sa présence, emparés du de l’immeuble tout entier. Le feu n’est pas arrivé tout seul. Oui, il y a eu il me semble une fuite de gaz. Excuse-moi, je ne crois pas au hasard ! surtout quez Patrick s’est « volatilisé » quelques jours avant ce drame. J’ai vécu à Mulhouse et dans sa banlieue pendant un peu plus de trois ans. On peut dire que j’étais sans domicile fixe. J’ai passé quelques nuits dehors, il m’est arrivé de voler aussi, et malgré toute ma misère, je dois avouer que le Seigneur, que je ne connaissais absolument pas, m’aimait déjà malgré mon état de pêché. Au fil des jours et des rencontres, j’ai croisé quelques filles dont Patricia et Norah (que je remercie encore) qui m’ont gentiment hébergée, quoiqu’un peu paumées, elles aussi à leur manière. J’avoue que par moments quand même j’en avais marre de galérer, marre de vivre. En fait, ma condition ne me convenait pas du tout et bien que j’essayai quand même de m’en sortir, pas moyen ! Comme si on faisait en sorte que tu gardes bien la tête sous l’eau. A plusieurs reprises j’ai eu des pensées de mort, des envies de mettre fin à mes jours. Mais voilà : je n’en trouvais pas le courage. Alors je pleurais parfois dans la nuit, blottie dans un coin de rue. Ca me soulageait. Et dans ces moments là, une voix venant du cœur me disait « demain ça ira mieux, ne t’inquiètes pas ». Mais les jours passaient se ressemblant les uns et les autres et ce « demain » me semblait de plus en plus éloigné. Je peux dire aujourd’hui que cette voix était celle du Seigneur, ce bon berger. Il veillait déjà sur moi, mais je ne le savais pas. Effrayée par ce que pouvait me réserver l’avenir, et désespérée de ma situation très peu reluisante, j’ai décidé d’aller consulter une voyante. Une copine me l’avait recommandée. Lorsque je suis entrée dans la salle d’attente, il n’y avait personne. Pour décor, une statue de la Vierge Marie (qui n’était plus vierge en partant auprès du Père puisque mariée à Joseph et ayant eu plusieurs enfants avec lui) ainsi que quelques icônes ça et là. Oui, cette « mise en scène » m’avait rassurée. Rien à voir avec l’ambiance du bureau de Patrick et ses livres empreints de sang et de sacrifices… Comme je l’ai déjà dit, toutes les personnes exerçant tout ce qui a trait à la médiumnité ont pour maître le diable. Ces statues, je ne le savais pas à l’époque, sont aussi un « trompe-l’œil. » Je suis tombée dans le panneau… Après quinze ou vingt minutes d’attente, une petite bonne femme, d’une cinquantaine d’années, m’a invitée à entrer dans son bureau. Je me suis donc assise et, ses cartes à la main, elle me dévisagea. Puis, à ma grande surprise, elle me dit avec beaucoup d’émotions : « - Je vous attendais. C’est vous que j’attendais. Vous avez un message pour moi.. -Non, madame, excusez-moi, je ne vous connais pas ! -Si si si ! je vous attendais… Et, les larmes aux yeux, elle continua : -Dites moi si j’aurai mon message à Lourdes où à Y (je ne sais plus où elle m’a dit en second lieu) -Mais je ne sais pas madame ! lui répondis-je avec sincérité. -Je vous en prie, dites-moi où je dois me rendre… Elle m’avait un tantinet agacée mais en même temps, ses larmes me gênaient terriblement. -A Lourdes, acquiéçai-je. Au final, je ne sais même plus si elle m’a tiré les cartes ! Pendant prés de six mois, j’ai travaillé dans un petit bistrot, dit « chez Pauli », dans une rue perpendiculaire à l’avenue de Colmar à Mulhouse donc. Bien entendu, il y avait les habitués. Parmi eux se trouvait un vieil homme, pas loin des 70 ans, qui venait chaque début de mois, au moment de toucher sa retraite. Depuis plusieurs années. Et il dépensait chaque fois la même somme et il buvait toujours des quarts de rouge et s’asseyait, au mieux, toujours à la même table. La première fois que je l’ai servi, il m’a tendu la main et : « - Bonsoir mademoiselle…Quel est votre prénom ? -Céline, lui répondis-je, ma main coincée dans la sienne, car il semblait ne plus vouloir la lâcher.. -Je ne vous ai jamais vue… -Effectivement monsieur, je suis là depuis peu de temps…Qu’est-ce que je vous sers ? Il me tenait toujours la main. Au début j ‘ai eu de la compassion, me disant que ce vieil homme était peut-être content de serrer la main à une jeune fille…Mais je trouvais son insistance un peu gênante. Il me regardait droit dans les yeux. Il avait les cheveux gris foncé-blancs, un peu décoiffés par le vent peut-être, et des yeux bleus. -Donnez-moi un quart de rouge s’il vous plaît… Comme je voulais aller derrière le bar lui préparer sa commande, il lâcha enfin ma main. Juste après m’avoir libérée, il regarda sa main avec un drôle d’air. Je mis donc sa boisson et son verre sur le plateau et les lui apportai. A nouveau il me tendit sa main et prit la mienne sans me demander mon avis (sic). Puis il me fixa à nouveau. L’espace d’un instant je me suis demandée s’il n’était pas un peu fou. Il regarda sa main à nouveau après l’avoir retirée puis il me dévisagea drôlement. Comme j’allais repartir servir une autre table, il me dit, en enlevant sa montre : -Tenez, je vous la donne, c’est un cadeau… -Non, merci ! Gardez-la, elle est à vous et puis, vous en avez besoin. -Non, non, ce n’est pas une montre comme les autres. Tenez, prenez-la, insista-t-il en me la tendant. -Pourquoi, qu’est-ce qu’elle a cette montre ? lui demandai-je en la prenant. -C’est la montre du diable… -Pourquoi dites-vous cela ? -Voilà des années que je l’ai. Tous les jours à minuit, elle s’arrête. J’ai tout essayé, je l’ai emmené réparer, vraiment, j’ai tout essayé, mais il n’y a rien à faire. Je vous la donne…Le jour où elle ne s’arrêtera pas, je ne serai plus de ce monde… J’ai gardé la montre dans ma poche. Un peu plus tard, dans la soirée, le vieil homme était parti, je l’ai mise à mon poignet. Je prenais cela comme un défi : la montre du diable. Pfffffff ! Quelques minutes à peine que je la portais, le bracelet commença à me brûler le poignet, à tel point que je fus obligée de l’ôter. La marque de celui-ci était visible : j’étais toute rouge. Ce soir là, j’étais rentrée un peu plus tôt que d’habitude, il n’y avait pas grand monde alors le patron a décidé de fermer. J’ai mis la montre sur ma table de nuit et je ne l’ai pas quittée des yeux jusque l’heure ultime. Elle ne s’est pas arrêtée. J’avais même attendu jusque plus d’une heure du matin. Je n’ai jamais revu le vieil homme. Puis un jour un « nouveau » nommé Gérard a débarqué chez Pauli et il devenait peu à peu un habitué, venant tous les jours vers 18h pour prendre une anisette. Alors, évidemment, avec le temps, on est devenu copains. Et, de fil en aiguilles, de confidences en confidences, je lui ai parlé des choses étranges qui m’étaient arrivées dont l’histoire de cette terrible nuit où, dans mon lit, je me suis fait étranglée par une puissance invisible. Là, un flash-back s’impose. Je comptais parmi mes connaissances, un gentil marocain. Divorcé (à cause de l’alcool) et deux enfants. Très malheureux de ne plus voir ses enfants tous les jours, il avait fait une cure de désintoxication à l’alcool. C’est ce garçon là que j’ai connu : celui qui ne buvait pas. Très gentil et aussi sensible. Un été, il est parti au Maroc pendant un mois et demi et donc, dans sa gentillesse, il nous a prêtées son appartement, à moi et une copine marocaine, Mina. En échange, nous nous engagions à payer le loyer en son absence. C’était un F3, en HLM, à Riedisheim et sincèrement, cela nous a bien rendu service. Toutes les deux, nous étions serveuses mais pas au même endroit. Et donc le soir, on ne rentrait pas avant une heure du matin. Mina était du genre à rentrer plus tard encore ! Elle aimait aller en discothèque après son service. Un soir pas comme les autres, je suis donc rentrée vers une heure trente du matin et fatiguée, je me suis directement couchée, franchement contente d’avoir fini ma journée ! A peine allongée dans le lit, et pas encore endormie, juste à moitié, j’ai soudainement senti un énorme poids sur moi et des mains qui m’étranglaient. Je ne dormais pas. Je ne rêvais pas. J’étais consciente. La pression autour de mon cou se faisait de plus en plus forte. J’ai essayé de crier, mais, étrangement, aucun son ne sortait de ma bouche. J’ai essayé de me débattre mais aucun de mes membres ne répondait. J’étais comme sous anesthésie générale, sauf que j’étais consciente. Finalement, impuissante, je me suis dit « c’est fini. Je vais mourir. » Je suffoquais de plus en plus et la strangulation allait mettre fin à ma vie…Au moment où je me préparais à mourir, Mina est rentrée et elle est directement venue dans la chambre pour voir si j’étais là, et si je dormais. Au moment où elle a allumé la lumière, j’ai fait un grand saut en avant, poussant ce qui m’étranglait. En réalité, sans le savoir, Mina venait de me sauver la vie. Je peux dire aujourd’hui que la lumière a chassé les ténèbres cette nuit-là. J’avais compris que c’était un démon. Ce n’est que des années plus tard que j’ai réalisé que là encore, Jésus, le bon berger, veillait sur moi et qu’Il s’est servi de Mina pour me délivrer de l’esprit qui m’étranglait. Une nuit, nous dormions ensemble, elle m’a réveillée et, ouvrant les yeux avec peine, je la regardai, assise dans le lit. Un peu palotte, elle me dit « Céline, tu me fais peur ! Depuis tout à l’heure je te regarde faire des signes avec tes mains au dessus de ton visage ! On dirait des symboles ! » Je ne m’en étais même pas rendue compte. Elle m’avoua le lendemain matin que ce n’était pas la première fois. Elle ajouta que d’habitude, ça dure moins longtemps et elle se disait que je rêvais peut-être de quelque chose qui était en rapport avec mes gestes. Sauf que cette fois, elle avait été saisie de frayeur. Une petite précision : Mir, désespéré, voulant que sa femme et ses enfants reviennent vivre à la maison, était allé voir un homme doté de pouvoir et utilisant le coran. Je ne sais pas quel était le statut de cet homme, imam ou marabout ou autre. Quoiqu’il en soit, il m’avait montré deux petits sachets fermés par des cordelettes et contenants entre autre un petit papier sur lequel était inscrit des sourates en arabe bien sûr. Il les avait pendus au plafond dans un coin de la salle à manger. Soit disant ils avaient le pouvoir de faire revenir sa femme et ses enfants. Il m’avait bien entendu demander de ne pas les toucher. Peut-être que le démon (appelons un chat un chat) qui avait tenté de me donner la mort cette nuit-là avait eu accès à cet appartement à cause de la sorcellerie représentée par les sachets. C’est une possibilité. Néanmoins je ne le saurai jamais. D’autre part, depuis déjà plusieurs mois, et périodiquement, il m’arrivait, au moment de me regarder dans le miroir de la salle de bain, de découvrir des traces de griffes presque à sang sur tout mon visage. Le plus incroyable, je ne sentais rien. Mes joues présentaient des longues traces verticales et le front, les mêmes mais à l’horizontal. Cela se produisait où que je sois et donc n’avait aucune relation directe avec le reste. Un soir que j’étais libre et toute seule à l’appartement, je regardais la télé tranquille. Puis j’ai entendu une voix m’appeler, une voix très doucereuse, semblant venir du couloir : « Céline » La tête sur les épaules, je tentai de me convaincre que je divaguais et qu’il était temps d’aller me coucher. J’éteignis donc la télé. Mais à deux reprises, la voix s’est de nouveau fait entendre de la même manière. Je suis restée figée sur le canapé, pensant très fort en moi « non, je ne te répondrai pas ». Aucun mot n’est sorti de ma bouche ce soir-là. Et cet événement ne s’est plus jamais reproduit. Je n’ose pas penser à ce qu’il serait advenu si j’avais répondu à cet « appel » dont finalement je ne connais toujours pas l’origine. Pour en revenir à Gérard donc, je lui ai raconté toutes ces choses et enfin, je rencontrais quelqu’un qui ne prenait pas pour une folle ! Et de surcroît, il proposa de m’aider… J’étais convaincue qu’enfin mes misères allaient disparaître… Que nenni !! Dans un premier temps, nous allâmes tous les deux en voiture dans les bois situés en haut du Moenschberg, et on s’est arrêté sur le chemin de bois assez profondément. On peut dire que cet endroit est surélevé par rapport à la ville. C’était la pleine lune. Il devait être deux heures du matin et malgré la lune, il faisait franchement sombre ! Certainement les branches et les feuillages ne laissaient quasiment pas la place à la lumière. Je me souviens que c’était terriblement lugubre. Pourtant j’étais une « tête brûlée » ; jamais peur de rien. Mais là…j’avoue que je n’étais pas très à l’aise. Pour dire la vérité, j’avais vraiment la trouille ! Gérard tenait un livre à la main et il marmonnait des choses incompréhensibles. Il avait quand même allumé la petite lampe se trouvant au plafond de la voiture. Et moi, je ne bougeais pas et j’attendais. Je ne savais même pas quoi ! Brusquement, Gérard regarda dans le rétroviseur intérieur et me dit avec insistance qu’il fallait que je regarde derrière la voiture. Morte de peur (là, je n’en menais pas large), je refusai catégoriquement. Il me semble que j’ai commencé à avoir la tremblote (ces faits remontent aujourd’hui à quinze ans en arrière). J’étais scotché au siège passager et il était hors de question que je sorte de la voiture. J’y étais mieux que dans le bois quoiqu’il en fût ! D’un coup, Gérard ouvrit sa portière et il se mit à courir. Automatiquement, je me suis retournée et je l’ai vu courir après un type en bleu de travail… Sincèrement, mets-toi à ma place ! il y avait tout de même de quoi en perdre son latin… et sa tête. Peux-tu me dire ce qu’un gars fabrique derrière une voiture à deux heures du matin en plein milieu d’un bois, à plusieurs kilomètres de quelques habitations ? De plus, en plein bois, en pleine nuit, dans le silence total, on ne l’a même pas entendu arriver ! elle est forte celle-là tout de même. Donc je suis restée clouée là, je n’ai pas bougé d’un millimètre et j’ai tout simplement attendu que Gérard revienne, espérant très fort dans mon cœur que rien ne m’arriverait. Mais il y avait ce livre… Là, sur le tableau de bord, à ma portée. Curieuse de nature, je m’en suis emparée. D’abord le titre. Le livre de Hanussen. Connais pas ! D’après la description, il était présenté comme un grand et redoutable médium très connu. Ah ? Finalement, je l’ai ouvert au milieu au hasard, juste comme ça, pour voir de quoi il parlait… J’ouvris donc le livre et je criai de trouille lorsque j’ai découvert son contenu : deux gros terribles yeux sortaient de ce livre et me fixaient, sur fond noir. On ne voyait même pas les lignes. Je n’oublierai jamais ces yeux et ce regard tout droit issu des ténèbres. J’étais pétrifiée. Un quart d’heure plus tard, Gérard est revenu, essoufflé et dégoûté. Enervé aussi. Il est venu directement de mon coté, a ouvert ma portière et de toute ses forces, il m’a sortie de la voiture. Je hurlais, je me débattais, je ne voulais même pas fouler le sol de ce bois. Après lui avoir fait une crise hystérique, il a réussi tout de même. Puis il m’a « obligée » à marcher un peu dans ce bois, juste une dizaine de pas. Soudainement, un chat blanc est passé devant moi en courrant. Gérard m’a rassurée en me déclarant que je venais d’obtenir une victoire sur ma peur. J’y ai crû. Il a décidé de me ramener, il devait être 3h30 du matin. Sur le chemin, il m’a explicitement fait comprendre qu’il espérait que je n’avais pas touché son livre de bord. Je lui ai menti en lui assurant que non. Au moment de me déposer, en bas de « chez moi », nous avons encore un peu bavardé. J’avais la main sur la poignée de la portière à laquelle je tournais le dos puisque nous discutions. Ainsi, il me proposa de retenter une expérience dans un autre bois, encore plus haut, dans les prochains jours. Devines : ben oui, j’ai accepté. Je le salue puis je me retourne en ouvrant la portière. J’ai sursauté ; il y avait un chat blanc et roux, debout sur ses deux pattes arrière et les deux pattes avant appuyées sur ma portière. Sa tête dépassait donc, il était plutôt grand. J’avais une mauvaise et drôle d’impression. « - Aahhhh ! qu’est-ce qu’il fait là celui-là ? On dirait qu’il nous écoute ! Tu as vu ? -Oui, il est là depuis que nous sommes arrivés… -Et tu ne m’as rien dit ? -Cela n’aurait servi à rien » Inutile de te préciser que je suis rentrée illico presto. Malgré ma fatigue, j’ai eu encore bien du mal à m’endormir. Finalement, nous sommes retournés faire une nouvelle « expérience » un soir de la semaine suivante, après mon service, et la veille d’un congé. Je m’étais nourrie de pensées positives et j’étais pleine de courage et de vigueur, prête à tout affronter mais… Nous voilà repartis, une heure du matin, la nuit, une lune qui éclairait un peu . Et voilà qu’on s’engouffre dans un chemin de bois, à quelques kilomètres du précédent, et pas du même coté. Le bois n’était pas trop épais mais suffisamment pour qu’on ne voie plus la route. A la sortie de ce chemin, se trouvait un énorme champs de maïs dont les tiges étaient déjà hautes, les premiers maïs apparaissaient seulement dans leurs feuilles. Gérard décida donc de se garer sens du départ, l’arrière de la voiture contre les maïs. « - Comme ça, dit-il, si quelqu’un vient, on l’entendra obligatoirement. Il avait raison. J’étais un peu moins craintive. Le ciel était au dessus de nos têtes, visible et étoilé. Et le bois était devant nous, pas autour de nous. Et puis, surtout, on y voyait plus clair ! Une fois bien garé, bien installé, Gérard sortit un espèce de pendule de sa poche qu’il fit tourner et marmonna, à nouveau, des choses inaudibles, ou presque. Puis, s’adressant à moi : « - Maintenant nous n’avons plus qu’à attendre une manifestation animale… -Oui, répondis-je assez sereinement. -Normalement après c’est fini. Tu n’auras plus de problèmes, tu n’auras plus peur… -Tu crois qu’on va attendre longtemps ? -Non, ça devrait aller assez vite. Surveille de ton coté si tu vois un oiseau noir, ou un chat ou quelque chose comme ça. Moi, je regarde de mon coté. Si dans une heure il ne s’est rien passé, on s’en va. Et on recommencera un autre jour. OK, -Si tu veux… Il faut comprendre que j’étais prête à tout pour être libérée de mes problèmes qui étaient psychologiques pour certains, mensongers et résultant d’une imagination débordante pour d’autres et spirituellement véritables pour une mini minorité dont faisait partie Gérard. Je savais pertinemment que : je ne mentais pas. Je ne rêvais pas. Je ne m’étais ni inventé ni créé des choses psychologiques ! Soudainement, Gérard lança un regard dans le rétroviseur intérieur et, en s’écriant « le revoilà ! », il ouvrit sa portière et se mit à courir. Machinalement, je le suivis du regard. Il courrait après quelqu’un mais le temps que je réalise, ils avaient disparu dans le champs de maïs tous les deux. A nouveau, je n’ai rien vu et rien entendu. Et surtout pas regardé derrière la voiture ! J’avais cette phobie : lorsque je marchais, peu importe le lieu et l’heure, je refusais de me retourner. Je n’en ai jamais connu la raison. Une espèce de crainte mêlée d’angoisse ou simplement une voix qui m’ordonnait de pas me retourner ? Etrange… Un peu comme si j’étais suivie par quelque chose ou quelqu’un dont je ne voulais surtout pas croiser le regard… Au bout d’une dizaine de minutes seule dans la voiture, Gérard revînt, à nouveau essoufflé et énervé. -Tu l’as vu ? Tu l’as reconnu ? -Non… -Tu n’as donc pas remarqué que c’était le même gars que l’autre jour, en bleu de travail ? -Ben, j’ai bien vu que tu courrais après quelqu’un mais, avec les maïs… -Et moi qui attendait une manifestation animale ! ajouta-t-il en démarrant nerveusement la voiture, et d’ajouter : cette fois, je vais l’avoir… Nous sortîmes du bois pour nous retrouver sur la route. Elle se situait entre Mulhouse et Bruebach, si mes souvenirs sont bons. Je me souviens très bien qu’on passe prés de l’hôpital du Moenschberg. C’est une route départementale, entourée à droite et à gauche de champs, à part le bois où Gérard m’avait emmené. Il devait être deux heures du matin. En semaine. Inutile de te dire que la route était plutôt déserte. Ce devait être le printemps ou l’été : il faisait beau. Ni pluie, ni brouillard, ni vent. Une fois sur la route, Gérard, en conduisant lentement (environ 40 km/heure), scrutait chaque recoin où une voiture aurait pu se garer. Il répétait sans cesse qu’il allait bien le trouver, que de toute façon, le gars n’avait pas pu venir à pied jusque là. Cette déduction était pertinente ! Le bois devait se trouver à deux ou trois kilomètres de la ville, et peut-être un peu plus jusqu’au prochain village ! J’ai peine à croire qu’un gars se promène autant en pleine nuit tout seul et à pied ! Moi aussi j’observais le rebord de la route de mon coté en cas où que… Alors que nous roulions toujours aussi doucement, et maintenant sur un morceau de ligne droite, nous nous retrouvâmes derrière une voiture où on distinguait, malgré la nuit pas très sombre, trois jeunes gens. Vu la vitesse à laquelle nous nous déplacions, j’ai quand même été étonnée que nous ayons réussi à rattraper un véhicule ! Et puis, j’en ai vite conclu qu’ils avaient dû faire la fête et que le conducteur avait un peu de mal… Soudain, le conducteur freina. Net ! Surpris malgré notre lenteur, Gérard ne put éviter le choc. Boum. Un désastre ! La voiture de Gérard complètement défoncée à l’avant et le jeune conducteur de l’autre voiture qui hurle au milieu de la chaussée. Là, c’était la confusion. Apparemment, personne n’y comprenait plus rien. Et il y avait de quoi devenir dingue, assurément. Non seulement le jeune hurlait, ensuite les deux jeunes filles qui l’accompagnaient sont sorties, indemnes elles aussi en criant aussi de toutes leurs forces, et Gérard qui tentait d’établir un constat, passablement énervé lui aussi par la soirée que nous avions déjà passée ! En résumé : G. se demandait comment, en roulant à 30-40 km/heure, sa voiture avait pu subir un choc si terrible… Le jeune devant qui se demandait pourquoi il avait freiné, et les filles qui semblaient en vouloir à tout le monde. Heureusement, il n’y avait eu aucun blessé… J’étais un peu en recul sur le bord de la route et je les regardais tous dans leur colère ou leur démence, que sais-je ? Je me demandais surtout comment nous allions rentrer ! Il était très clair que la voiture de G. n’était plus en état de rouler ! Soudainement, comme venu de nulle part, une dépanneuse, suivie d’une voiture de gendarmes, arriva ! Alors là, c’était le bouquet. J’étais complètement époustouflée ! Aucune habitation à perte de vue, aucun véhicule n’était passé, ni même un hélicoptère, et encore moins un tracteur. Petite remarque : le téléphone portable n’existait pas encore. Tandis que j’observais, toujours à une quinzaine de mètres, la dépanneuse puis les gendarmes qui dialoguaient avec tout ce petit monde, je sentis une présence à ma gauche, légèrement en arrière. Je me retournai. Un homme d’une cinquantaine d’années, je pense, légèrement grisonnant, des yeux bleus assez clairs, se tenait là, debout. Il était en bleu de travail, silencieux. Mon regard croisa le sien, puis, sans bouger, il me regarda de haut en bas puis de bas en haut. A nouveau, sans aucune réaction, je me tournai vers la dépanneuse. Tilt ! C’était lui ! Mais le temps que je réalise, je me retournai à nouveau mais il avait disparu, sans bruit. Je ne l’avais pas non plus entendu arriver. Comprends-moi ! Avec toutes ces questions que je me posais, cet accident, cette dépanneuse qui débarque comme ça, à peine cinq minutes après l’accident, sur une route déserte à plus de deux heures du matin, en semaine de surcroît ! Sans oublier, un accident sur une ligne droite à vitesse très lente ! Donc, quand j’ai vu cet homme, qui était là à coté de moi sans rien dire, je n’ai pas réalisé. Pas tout de suite. De plus, il était serein, calme, un regard doux, plutôt empreint de gentillesse. Je n’ai jamais pu oublier ni son visage ni sa « carrure ». En fait, il était de taille normale, avoisinant les 1m70, mais pas plus. De corpulence normale, anodine. A partir de ce jour-là, et après avoir mûrement réfléchi, je décidai de ne plus suivre G. Tant pis, je m’en sortirai bien toute seule. Lorsque je lui ai fait part de ma décision, il n’a pas semblé déçu. Je dirais même, plutôt indiffèrent, me laissant libre après tout ces évènements. Ce n’était qu’une apparence. Quelques jours plus tard, alors que je rentrais après mon service, donc bien sûr, il faisait nuit, une voiture fonça sur moi en bas de la rue, feux éteints. J’ai eu très peur. Horriblement peur. Mon cœur devait battre à deux cents à l’heure et des sueurs d’angoisse coulaient de mon front. J’ai couru. Mais il avait eu le temps de faire demi-tour et tenta à nouveau de m’atteindre. Je sautai direct par dessus le grillage de la propriété privée qui se trouvait sur mon chemin. Il n’était pas très haut et il y avait quelques bosquets, ça et là. Et je n’ai plus bougé. Je m’habillais toujours en noir à cette époque et certainement cette nuit-là, ma tenue vestimentaire m’avait préservée d’un grand malheur. J’avais tellement peur que je suis restée là jusqu’au lever du jour. Je n’avais pas entendu de voiture s’éloigner dans la nuit. Je ne m’étais pas endormie et donc sincèrement, je n’en pouvais plus ! Le temps passe, mais ces phénomènes mystiques semblent me suivre, telle une ombre qui s’accroche à vos baskets au moindre mouvement… Deux ans plus tard, toujours travail au noir, vol dans les périodes dites creuses, et petites combines en tous genres, je trouve une chambre dans un petit hôtel à Wittenheim, au « café des sports ». Je ne sais pas s’il existe toujours, ou en tout cas, si l’endroit a changé ou non. Au rez de chaussée se trouvait le café, avec des menus du jour et sandwich. La clientèle se composait surtout d’habitués. Les chambres se trouvaient au premier. La douche et les toilettes dans le couloir. Les gérants vivaient sur place eux aussi. Dés mon arrivée dans ces lieux, un détail m’avait frappé : les signes extérieurs de richesses. Les tenanciers ne se refusaient rien, et leurs enfants avaient de gros et superbes jeux et jouets. Avec le temps, ce détail me chiffonnait un peu puisque finalement, ce café était raisonnablement fréquenté. Pas au point de mener un train de vie aussi luxueux ! J’ai dû séjourner deux mois à cet endroit. Environ trois semaines après m’être installée, j’eus un songe qui me stupéfia ; non seulement je m’en souvenais dans les moindres détails mais en plus, c’était un genre de révélation. Je m’étais liée d’amitié avec un résident voisin à ma chambre. D’un coté, il y avait deux jeunes filles libanaises que tout le monde savait en séjour irrégulier, donc elles étaient très discrètes, et de l’autre, un italien, chauffeur routier, avec des horaires un peu particuliers. Un endroit assez tranquille en fait, en plus, nous n’étions pas en bord de route. Cet italien, une quarantaine d’année, s’appelait Mario. Je le trouvais assez comique et son petit air futé me plaisait bien. Je lui avais raconté mon rêve. Cela se déroulait dans l’hôtel même, au grenier. Il y avait du matériel de faussaires, et des outils de reprographie et des tablettes. On aurait dit que le grenier était aménagé pour la reproduction de faux billets de 200 francs. Je m’en rappelle très bien ! Et je voyais le patron du café, avec deux des clients habitués, entrain de faire fonctionner tout cela, sans bruit et habilement. Je comprenais qu’ils oeuvraient la nuit, à l’insu de tout regard. Mario m’a écoutée puis il a souri, avouant que s’il trouvait un tel trésor, il s’en emparerait et se sauverait vite avec et assez loin pour qu’on ne le retrouve pas. Moi aussi, pensai-je en imaginant ce que je ferais avec autant d’argent ! En fait, un mois plus tard la gendarmerie saisissait tout ce matériel dans la cave de l’immeuble ! Et les gérants étaient arrêtés, en pleine après-midi, menottés puis jugés. Tout cela un peu « grâce » ou « à cause » de moi, selon ton désir. En fait, après quelques mésaventures avec Mario qui m’avait piqué ma carte d’identité par esprit de vengeance ou de jalousie, je me suis rendue à la gendarmerie. Mon interlocuteur prit mon dépôt de plainte et dans la procédure normale, me demande d’où je suis etc., et de fil en aiguille, on parle du village de mes parents. Village qu’il connaissait très bien, comme par hasard, puisqu’il y passait le week-end, quand il fait du vélo. Ce qui est sûr : il avait de l’endurance, parce que ce n’était pas la porte à coté ! Alors il m’a soudainement prise « en affection » et me promit qu’il retrouverait ma carte d’identité, et cela, même s’il fallait retourner chaque pièce ! Je lui ai bien spécifié que c’était un coup de Mario. C’est comme cela qu’il a pu démanteler ce réseau de faussaires. Il m’a avoué par la suite, lorsque je suis allée récupérer mon précieux papier, que les autorités de l’ordre cherchaient depuis un bon moment à démanteler ce réseau… Et bien entendu, il m’a remerciée. La rumeur que j’avais « dénoncé » le cafetier a très vite été répandue dans ce village. J’ai donc dû partir. CHAPITRE IV LES MAUVAISES RENCONTRES Comme je l’expliquais, bien que je change d’endroits, les puissances invisibles me suivaient. Une différence : leurs façons de se manifester. Quand j’ai débarqué dans cette chambre, j’ai espéré de tout mon cœur que je pourrais enfin dormir en paix mais aussi que je sois assez éloignée de G. qu’il n’était pas bon de rencontrer, en tout cas pour l’instant ! Malheureusement, le cauchemar était toujours là. Cette fois, je ne dormais plus. La nuit, cet endroit était vraiment silencieux. Chacun respectant l’autre, et Mario qui conduisait son camion la nuit. Chaque soir, aux alentours des 23 heures, alors que j’étais allongée dans mon lit, écoutant la radio ou lisant, j’entendais une respiration, un souffle continuel juste à coté de moi. Au début, je me disais que j’étais fatiguée, que c’était les nerfs ou peut-être la radio qui avait un défaut. Alors, et je pense que tu aurais eu cette même démarche, de couper le son, et d’éteindre la radio. Malheureusement, le bruit ne s’arrêta pas. Non, je ne consommais aucun hallucinogène et non, l’alcool n’était pas mon lot, pas encore du moins… Je ne rêvais pas. Il y avait à coté de moi un être invisible qui respirait, et d’une façon raisonnablement audible. Tous les soirs, même cinéma. Crois-moi, je devenais folle. Je ne dormais plus que le jour. D’ailleurs, étrangement, dés que le jour se levait, le « bruit » disparaissait. Heureusement que j’étais dans une période de chômage (j’avais trouvé entre temps un petit job, où j’étais sous contrat à durée déterminée. ) Je percevais donc quelques indemnités. Chaque soir, morte de trouille, je me demandais ce qui allait encore bien m’arriver ! Je ne pouvais pas fuir. Où serais-je allée ? Or, un soir pas comme les autres m’a rapproché de Mario. Nos chambres étaient petites. A droite de l’entrée, se trouvait le lit (une place), droit devant, au milieu du pan du mur, la fenêtre. A gauche, une petite armoire puis un lavabo chevauché par un miroir de fortune. J’avais pour habitude de pendre ma serviette de toilette sur le radiateur sous la fenêtre (comme c’est souvent le cas). Alors, imagine le tableau : moi, dans mon lit, ma radio presque sur les oreilles, le souffle qui me «poursuivait », toujours là et j’essayais de ne pas l’entendre en collant une oreille sur le haut parleur.( Je ne possédais pas d’écouteurs). Il faut bien comprendre que j’avais juste de quoi subvenir à mes besoins. Ainsi donc, blottie dans mon lit, parce que craignant tout de même cette espèce de présence… Les yeux fixés droits devant moi et, en l’occurrence, sur le radiateur. Il était tard. Bien trois ou quatre heures du matin. Comme par enchantement, la serviette glissa. Voulant plus que tout surmonter ma peur, je me lève, courageusement, quoique étonnée. Je ramasse le linge, et à l’instant T où j’ai reposé celui-ci sur le radiateur, « on » a frappé deux gros coups à la fenêtre. J’ai fait un grand saut en arrière et mon cœur s’est mis à battre très vite et très fortement. Mon estomac a dû se retourner aussi. Alors là, c’était le summum, la goutte : je frôlais la folie. C’est donc suite à cette nouvelle manifestation que je décidai d’aller voir Mario, ce brave voisin, pour lui raconter mes déboires. Je savais qu’il travaillait la nuit et c’était une solution de l’accompagner. A nouveau, il écouta mes histoires de dingues. Il m’en raconta à son tour, tout droit issues de Sicile. Du même domaine. Puis il finît par conclure que ces choses existent bien et qu’elles sont terribles. Il accepta sans aucun problèmes donc de m’emmener avec lui dans ses tournées de nuit. Il chargeait à Mulhouse, déchargeait et rechargeait à Strasbourg. [...] Il y avait bien eu une buse qui est venue s’écraser directement sur la vitre coté conducteur une nuit sur le chemin du retour. Je l’avais vue de loin. [....] Puis j’ai rencontré celui qui allait devenir le géniteur de mon fils, né en 1991. Non, mes problèmes liés à l’occultisme n’ont pas vraiment disparu. Ils avaient simplement « changer de couleur » ! La jeune apprentie cuisine dormait sur place, comme moi. Ce n’était pas très légal, mais je n’avais pas de permis de conduire et donc je ne rentrais à Delle, en train, que lorsque j’avais congé. Elle m’exposa les « étranges » évènements que ses grands-parents subissaient. D’après elle, cela venait des voisins ; une histoire entre paysans, une jalousie de terrains et je ne sais plus trop encore… C’est à cette période que je m’essayai à la pratique de la magie dite « blanche ». Bien entendu, le résultat ne tarda pas : les voisins ne passaient plus la nuit chez eux… Petite parenthèse. La magie blanche n’est que la magie noire couverte de vernis blanc. Je ne le savais pas. Simplement, je refusais l’injustice et la méchanceté. Je n’avais aucune tolérance pour les personnes utilisant des moyens ténébreux pour détruire et/ou intimider les autres. Je combattais ce genre de comportement avec mes « armes. » J’ai compris beaucoup plus tard que derrière ces pratiques, quelques soient leur couleur (sic), se cache le même maître : Satan (qui signifie « ennemi de Dieu ») Le principe est simple. Les voisins en question, par le biais de leurs pratiques, ont « utilisé » un démon ou esprit méchant comme tu veux. Et moi, avec mes pratiques, j’ai envoyé à leur démon un démon encore plus fort. C’est tout. Les démons sont des anges qui se sont rebellés contre Dieu et qui ont suivi Satan. Le diable s’appelait Lucifer lorsqu’il était au paradis auprès de Dieu. Il faut que tu comprennes une chose : le monde visible est une copie de l’invisible. Ainsi, le monde des ténèbres, tout comme le royaume des cieux, fonctionne comme une armée, comme des légions ajouterai-je. Il y a des « petits », des officiers, des commandants, etc.… Dans le royaume des ténèbres, il n’y a que haine et destruction. Les démons se battent entre eux pour avoir la meilleure place, pour « monter en grade. » Ouais…On n’ a rien inventé ! Je reviendrai sur cela plus tard, par des exemples un peu plus concrets et de ce fait, explicites. Donc une personne qui pratique l’occultisme, la magie, la divination, ou autres, utilise un « ange déchu », ou démon. Ce démon va donc la servir et accomplir sa volonté. Tu crois que c’est gratuit ? NON ! A cause de cela, le diable a un droit sur la vie de ces personnes qui croient avoir un « don » (encore un mensonge). Le but de Satan est de détruire. Il a plus d’une corde à son arc ! En voici quelques exemples : les cauchemars, la dépression, le suicide, les malheurs, destruction et/ou perte de biens matériels, les accidents, les maladies, les phobies, etc.… [...] Nous avions une petite dame, Dominique, en cours de gestion. Nous sommes assez rapidement devenues copines. Elle était gentille et fragile. Comme le vent soufflait toujours dans le même sens, malgré le semblant de paix de mes nuits, Dominique me confia ses ennuis. Comme par hasard, ils avaient une origine occulte ! Tu devineras bien que, sans hésiter, j’ai retroussé mes manches et j’y suis retournée à pieds joints, toute ravie de rendre service à une personne en détresse, qui ne savait plus « à quel saint se vouer » ! Je ne détaillerai pas toutes les « attaques » dont elle était victime. Je retiendrai juste qu’elle s’est fait opérer une dizaine de fois du genou en l’espace d’une année ! J’ai donc « enclenché » un processus de magie blanche visant à renvoyer la balle à l’envoyeur. Œil pour œil, dent pour dent. Un de mes principes préférés (ça a changé depuis !) Très vite, Dominique croisait ‘par hasard’ dans une boutique d’articles de sport de Montbéliard un type prénommé Alain. Elle ne le connaissait pas mais il lui a déballé toute sa vie en cinq minutes ; il connaissait tout le passé de Dominique, dans les grandes lignes, et savait dans quelle situation elle se trouvait présentement. Ni une ni deux, il lui propose de l’aider gracieusement et lui remet sa carte de visite. Avec Dominique, nous décidâmes de nous rendre un soir‘chez lui’, dans un petit village de Haute-Saône, prés de Villersexel. C’était un homme de taille moyenne, des cheveux noirs, une quarantaine d’années. Banal et anodin en somme. Il nous attendait devant sa vieille maison ressemblant à une petite ferme. Il nous reçut très amicalement et chaleureusement. Dominique, catholique et fidèle à la messe du dimanche matin, avait pris sa Bible avec elle, pour ‘être protégée’. Bien que n’ayant aucune conviction religieuse, j’ai trouvé cela bon. Après quelques échanges de mots, Alain, avec l’aide d’un jeune homme présent qui, je l’avais deviné, était un ‘apprenti sorcier’, demandèrent à Dominique si elle désirait vraiment être ‘libérée’ de ses persécuteurs. A la réponse affirmative, Alain lui déclara si, en échange de ce « service », elle acceptait de perdre sa voiture dans un accident mais que sans aucun problème, il n’y aurait pas de blessé, juste de la tôle froissée. Il lui expliqua que tout a un prix. Il nous déclara ouvertement qu’il avait un démon à son service, et il nous a même révélé son nom. Le démon vivait dans cette ferme. Alain était tout à fait lucide : il ne vivait pas dans ce lieu ! Il n’y venait que pour ses pratiques occultes. Il fit donc son petit rituel, avec la participation de Dominique. Nous étions donc tous les quatre assis à la table. Je n’étais qu’observatrice. En gros, Alain avait tracé une étoile (la fameuse étoile de David) sur la table et à chaque pointe se trouvait un nom. Il fit brûler des charbons spécifiques, en prononçant des incantations, etc.… Le rituel dura à peine vingt minutes. Pendant ce temps, mon regard se promenait un peu partout dans la pièce. Une porte entrebâillée laissait paraître un chandelier muni de bougies noires. Le jeune apprenti était très mal à l’aise. Je lisais sur son visage, dans ses yeux, de la crainte, même pire encore. J’eus la conviction qu’il était à la fois esclave et prisonnier, à cause de la peur. Un peu comme s’il n’avait pas demandé à être là. Une fois la séance terminée, Alain nous offrit un café. Il devait être 22 heures. Je sentais qu’il essayait de fouiller dans ma tête et je lui demandai d’arrêter : -Tu peux arrêter Alain, s’il te plaît ? -Quoi donc ? Rétorqua-t-il avec un sourire discret. -De fouiller dans mes pensées…Ca m’énerve ! -Comment le sais-tu ? -Je le sais, c’est tout… Dominique fut surprise mais ne dit mot. La petite cérémonie la laissait un peu coite. Alain et moi bavardâmes un bon moment au sujet du spirituel et nous étions sur la même longueur d’ondes. Le plus étrange, on était comme deux amis de longues dates, comme si on se connaissait depuis toujours. A tel point qu’il me donna son numéro de tél et m’invita à l’appeler pour continuer notre conversation et ‘grandir’ ensemble dans l’art occulte. Puis nous sommes parties. Je l’ai appelé plusieurs fois dans le mois qui a suivi, sans difficulté pour le joindre. Nous nous sentions très proches au point de devenir l’un pour l’autre un confident. Jusqu’au jour où il m’a demandée comment je m’appelais. Je connaissais son nom de famille et cela me suffisait pour ‘pratiquer’. J’avais conscience depuis quelques temps de l’importance du nom de famille. Alors je le lui dévoilai sans réticence, lui précisant juste que je connaissais le sien… A partir de cette fois-là, je n’ai plus jamais réussi à le joindre ! Quelle que soit l’heure et le jour et la saison, rien n’y fit ! Le téléphone sonnait, personne ne décrochait plus. J’ai très vite fait le lien avec Patrick [...] Je voyais toujours Dominique et je continuais ma magie blanche pour elle. Cela me faisait trop mal de la voir souffrir ainsi. Elle était à la limite de la dépression. Nos échanges, sur fond d’amitié, ont duré un an je crois. Vers la fin, en août 1994, je l’informai de ma décision : j’arrête. Je sentis à cette période qu’à cause de ma persévérance, j’allais être localisée par l’ennemi que je combattais. Je me dis donc qu’il vaut mieux arrêter avant qu’il ne soit trop tard. J’ai fait ce que j’ai pu. Pendant tout ce temps, Dominique n’a pas eu de problèmes avec son genou. [...] Jusqu’au jour où… Voilà une bonne semaine que j’ai stoppé mes activités occultes. Je n’étais qu’à moitié rassurée. Le pire, c’est la nuit. Je faisais souvent de terribles cauchemars. Certains revenaient régulièrement. Je suis presque sûre que la majorité des personnes qui vivent la nuit refusent de faire face à une certaine réalité. Et puis, l’obscurité est le meilleur moyen de se cacher, d’agir à l’abri des regards. A la lumière, tout se dévoile, difficile de se dissimuler… C’est donc en ce mois d’août 1994 que je me réveillai en pleine nuit avec terreur : mon lit prenait feu ! J’ai juste eu le temps d’empoigner mon fils, alors âgé de trois ans et demi, et de l’éloigner des flammes qui léchaient presque ses petites jambes. Malgré mon réveil en sursaut, j’eus le second réflexe d’éteindre le feu avec les couvertures. Mon cœur battait la chamade. Surtout pour mon fils auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Je dormais avec lui. Cela a duré presque 9 ans, en diminuant tout doucement la cadence. Petite remarque : bien que fumeuse, je ne fume JAMAIS dans mon lit, trop bien consciente des dangers. Et ce feu s’est déclaré du coté de mon fils. J’étais allée me coucher vers 23h et ce malheur s’est produit vers 3h du matin. Là, j’ai eu bien du mal à me rendormir, par peur de récidive ou que quelque chose de plus grave ne s’ajoute. J’étais tôt debout le lendemain. L’angoisse m’avait gardée semi-éveillée. Après avoir bu mon café, et après mûre réflexion, je décidai de me débarrasser de tous les livres qui traitaient, de prés ou de loin, la divination et l’occultisme sous toutes ses formes aussi diverses qu'insolites. Y compris un magnifique livre traitant l’interprétation des rêves. Je possédais aussi une statuette représentant une déesse hindoue noire. Je la chérissais presque, bien que le plâtre ne vive pas ! Je l’ai balancé avec tous les livres dans le vide ordures. J’ai eu un frisson dans le dos en la jetant : j’avais l’impression que ses yeux me fixaient. Bbbrrrrrr… Il y en avait pour une fortune ! Peut-être tu te dis que j’aurais pu les vendre et en tirer quelques gains, même petits ! Non. Car ce qui n’était pas bon pour moi, ne pouvait l’être pour personne d’autre. Je n’eus aucun regret, aucun remord. J’étais simplement convaincue que tous ces trucs-là me portaient la poisse et qu’il fallait que je m’en débarrasse. Sincèrement, j’étais soulagée..... Aujourd'hui, je ne regrette qu'une chose: n'avoir pas connu Jésus-Christ plus tôt.... Céline

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