Celui-là, ce n'est pas nous qui l'avons écrit. Nous ne faisons pas de politique. L'anticléricalisme est notre seule religion et nous avons assez de travail avec ça.
Je vous laisse apprécier ce sujet d'actualité trouvé ce matinsur le Net et, si vous voulez jeter des pierres, voyez avec Fidel Castro.
Nous, comme le pense Pilate, on s'en lave les mains.

Lol comme dirait l'auteur.

Si les Etats-Unis enjoignent fermement à un pays - quel qu’il soit - de respecter les résolutions onusiennes dont ce dernier fait l’objet : soutenez l’idée qu’il faut impérativement octroyer un délai supplémentaire à ce pays et condamnez l’impérialisme des USA. Vous pourrez gagner deux ou trois ans en exploitant tous les ressorts de la procédure onusienne.
Une fois que le délai est écoulé et que les Etats-Unis font mine d’entrer en guerre, opposez vous y avec la dernière énergie (marches, manifestations, brûlage de drapeaux américains devant l’ambassade, pétitions, déclarations, etc.). Dans la foulée, instituez-vous «camp de la paix» et insultez tous ceux qui ne pensent pas comme vous.
Si on vous présente une batterie de rapports Amnesty, ou tout autre document démontrant que le régime en question assassine 430 PERSONNES PAR JOUR, moyenne calculée sur 30 ans de règne, que la pratique de la torture est systématique et s’opère avec des raffinements démoniaques, que la terreur est omniprésente et que la malnutrition accable toute la population (à commencer par les enfants), accusez-en les Etats-Unis et leur embargo (à ce sujet, référez vous au chapitre «blocus» de notre «Petit Manuel à l’intention des amis du régime castriste» disponible aux éditions Meyssan and C°).


Si l’on vous démontre, document de l’ONU à l’appui, que la décision d’embargo avait pour contrepartie le programme «Pétrole contre nourriture» et que, depuis des années, une noria d’avions chargés de vivres et de matériel médical fait constamment la navette entre le pays en question et les pays appliquant l’embargo, mais que les cargaisons sont revendues au prix fort, au marché noir ou dans d’autres pays arabes, au lieu d’être distribuées à la population, il vous est recommandé d’éluder le propos et d’affirmer que, de toute façon, le dirigeant de ce pays est une créature des Etats-Unis .
Leitmotiv : toute intervention que mènent les Etats-Unis – que ce soit au Golfe Persique, dans les grottes de Han ou chez les Esquimaux – est TOUJOURS animée EXCLUSIVEMENT par l’intention de s’accaparer du pétrole qui ne leur appartient pas (et d’installer de nouveaux tyrans auxquels ils referont la guerre 10 ans plus tard).
Ne vous laissez jamais détourner par des états d’âme puérils : le sort des populations concernées n’a STRICTEMENT aucune importance. Il est, par contre, impératif de s’opposer inconditionnellement aux Etats-Unis, unique facteur de troubles dans le monde.


Les troupes vont entrer en action ? Clamez de toutes vos forces que les Américains – c’était prévisible – sont tombés dans le piège à pieds joints. La fin du monde est proche. La région entière va s’embraser. Les cours du baril de brut vont exploser. Nos économies seront ruinées à brève échéance. Si seulement ils vous avaient écouté !
Etablissez de subtiles comparaisons qui témoigneront de votre culture historique et de votre intelligence des événements (Bush = Hitler, Juifs = nazis, etc. )
Proclamez partout que décider d’entrer en guerre PROFITE aux Etats-Unis car cela permet de relancer leur économie et de les ENRICHIR indirectement en faisant fonctionner l’industrie d’armement et toutes les entreprises situées en amont et en aval. Mussolini et Hitler n’ont-ils pas fait la même chose dans l’entre-deux guerres ?
Les forces interviennent ? C’est un suicide. Elles vont évoluer pendant près de 500 km à terrain découvert dans un climat aride.
Insultez ou molestez tout Américain qui aurait le malheur de croiser votre route.
Après trois jours de combat, les forces coalisées ont avancé de plusieurs centaines de km, mais rencontrent provisoirement des poches de résistance ? C’est forcément un BOURBIER ! Parlez de «catastrophe», de «naufrage», «d’enlisement», des marines qui «piétinent», engagés qu’ils sont dans un «conflit long et meurtrier». Là encore, une subtile comparaison s’impose : nous voici en présence d’un «nouveau Vietnam».
Le seul but de cette guerre, c’est le pétrole.

Les forces continuent à progresser ? C’est normal, elles sont en rase campagne. Tout est calme, mais plus pour longtemps. Dans quelques heures, ce sera Apocalypse Now : les puits de pétrole vont s’embraser, les rivières vont être détournées et inonder toutes les voies de communication, les boucliers humains seront sacrifiés sans pitié.
Une conduite d’eau a été touchée par un obus ! Pour les millions d’habitants de cette ville du Sud que la conduite alimente, c’est une MORT horrible, à courte échéance. Parmi cette population, il y a - mais oui… bon Dieu… - des ENFANTS ! Les Américains seront les seuls et uniques responsables de cette catastrophe ! L’histoire jugera.
Le lendemain, la conduite est réparée et tout le monde a oublié cette histoire. Patience, patience : les Américains vont connaître leur douleur quand ils devront faire face à l’impitoyable «Garde Républicaine».
Alerte, alerte ! Des T-E-R-R-O-R-I-S-T-E-S kamikazes d’autres pays arabes auraient franchi la frontière. Ils vont venir s’immoler sur les chars. Leur pouvoir de nuisance est incommensurable. Encore une chose que Rumsfeld et la «secte Bush» n’avaient pas prévue. Ah, ces Américains ! Si seulement ils possédaient le dixième de notre culture générale, ils auraient appris ce que signifie le concept de «politique de la terre brûlée» et nous n’en serions pas là.
Le seul but de cette guerre, c’est le pétrole.

On est presque à la capitale. La capitale ? Vous voulez dire Stalingrad ?
La capitale est tombée sans résistance. Les habitants déboulonnent les statues du dirigeant. Le peuple danse de liesse devant les caméras ? Sites : Normal, ce sont des acteurs payés par Fox News, qui nous sert ici un habile montage.
Rattrapez-vous sur de petits incidents : une balle américaine – forcément malveillante - a atteint une ambulance, le musée de la capitale a été mis à sac (avec, forcément, la complicité, ou, au mieux dans l’indifférence des Américains). Non loin de là, un philatéliste était tranquillement en train de ranger ses collections : surpris par une détonation, il a déchiré accidentellement un timbre de très grande valeur ! La perte est sans commune mesure pour cette civilisation fondatrice de l’humanité. Ces Américains ne respectent donc RIEN ?!
Le musée n’a pas été pillé. On a retrouvé la majorité des collections dans la cave. Une partie a été volée mais par le personnel du musée lui-même, suivant un plan préparé de longue date par la direction. Ce n’est pas grave, continuez à déplorer la perte inestimable des collections de ce musée, dont vous ignoriez l’existence deux jours plus tôt.


Tous ces gens libérés ont l’air beaucoup trop heureux. Patience, patience, ils rigoleront moins quand la partie CHIITE (à prononcer avec une intonation terrible dans la voix) du pays va se soulever et plonger le pays dans un bain de sang. Ils sont plusieurs millions, vous savez : chacun avec un couteau entre les dents, ils sont assoiffés de massacres !
Le seul but de cette guerre, c’est le pétrole.

Le seul pétrole du but, c’est la guerre.
Les palais présidentiels sont pillés par une foule exubérante et bon enfant. Plusieurs déprédations sont à déplorer, commises par ce peuple qui a été tenu en laisse pendant près de trente ans. Montez cela en épingle et déclarez : le pays est AU BORD DE L’ANARCHIE (accent tonique sur le «au booord de»).
L’armée des forces coalisées a stabilisé la situation. Le régime est tombé. Voici l’attitude qu’il faut prendre. Vous dites: c’est normal, direz-vous, c’était un jeu d’enfants. Un peu «comme si un adulte tabassait un bébé de six mois» (propos de l’ineffable Florent Pagny). Avec l’armement préhistorique des forces du pays conquis, c’était évidemment prévisible. D’ailleurs, PERSONNE n’a JAMAIS douté de la victoire MILITAIRE des Etats-Unis. Ironisez aussi sur le fait que les Etats-Unis se sont offert le luxe préalable de désarmer le pays avant les opérations. D’ailleurs, ce régime allait s’effondrer de lui-même dans les mois qui viennent. Gagner la guerre, c’est bien. Mais l’important c’est de GAGNER LA PAIX.


Temps mort. Les choses ont l’air de se tasser. Le gouvernement provisoire est en place. Prenez votre mal en patience. L’actualité vous livrera bientôt quelque chose à exploiter. Dans l’interlude, vous pouvez parler, au choix, de Guantanamo, du protocole de Kyoto, ou des SEIGNEURS DE LA GUERRE qui parcourent l’Afghanistan.
La liberté d’expression est maximale. Quinze jours après la fin des hostilités, les soldats du régime défait manifestent pour réclamer leur salaire ! (un peu comme si des soldats allemands avaient manifesté en 1945, 15 jours après la chute de Berlin : pas sûr que les Russes auraient apprécié). Comment vous faut-il réagir ? C’est à vous de voir. Peut-être une petite déclaration improvisée sur le thème du pays «au boooord de» l’anarchie ?
Pétrole = guerre
Le Sénat approuve une augmentation de 37 milliards de $ du budget de la défense, soit une augmentation de 12 %. Extasiez vous sur l’ampleur de cette somme. Scandalisez vous de ce montant. Prenez un air profond et faites subtilement remarquer : «Cette somme n’aurait-elle pas été mieux employée à résoudre le problème de la faim dans le monde» ?
La guerre APPAUVRIT l’économie américaine. C’est d’ailleurs TOUJOURS le cas quand on entre en guerre.
Le budget de la défense correspond à 4 % du budget américain. Ce n’est rien : proclamez partout que le coût de la guerre va se répercuter dramatiquement sur tous les autres postes (et principalement sur les politiques éducatives des populations d’origine immigrée).
L’OCDE prévoit 4 % de croissance pour les Etats-Unis cette année (et 0 % pour l’Europe). Envoyez une équipe de la RTBF filmer quelques clochards dans une grande métropole américaine. Interrogez Michael Moore : MEME LUI dit que tout va mal et Michael Moore est AMERICAIN LUI-MEME (c’est le seul américain intelligent et il sait donc de quoi il parle). Commentez : le système américain est «au boooord» de la faillite (ne vous en faites pas, on vous croira : c’est un argument qui fonctionne toujours très bien et depuis longtemps ; cfr notre «Petit Manuel sur le Déclin de l’Empire américain», édité en 1952). Argumentez : cette guerre a mis l’Amérique sur les genoux. Le système de sécurité sociale – qui, d’ailleurs, n’existe pas là-bas - est mis en coupe réglée, etc.


Un attentat meurtrier est commis contre une délégation de l’ONU dans la capitale. Vous voyez bien que tout vient à point à qui sait attendre ! Prenez un air consterné. N’oubliez pas de ponctuez toutes vos funestes prédictions par des « J’espère vraiment me tromper mais…». Affirmez que le pays est évidemment «au boooord de»…
Suite à l’attentat, plusieurs ONG ont décidé de partir. Pas de doute, c’est le signal de la fin. Vous l’aviez bien dit.
Adoptez cette ligne de conduite : dorénavant tout attentat terroriste dans le monde, dans les 20 années qui viennent, sera une CONSEQUENCE DIRECTE de l’intervention américaine dans ce pays.
Autre analyse pertinente à répandre partout où c’est possible : l’attentat du 11 septembre 2001 est – on s’en rend compte justement aujourd’hui – LA CONSEQUENCE DIRECTE du coup d’Etat réalisé au Chili, il y a trente ans, avec l’appui de la CIA.
Le gouvernement provisoire du pays conquis attribue les licences d’exploitation du pétrole. Trois compagnies sur onze seulement sont américaines. Il faudra plusieurs années pour rendre ces exploitations rentables. Vu que la guerre n’a duré que trois semaines (résultat encore plus remarquable que les scénarios les plus optimistes), il apparaît clairement aujourd’hui que le but des Etats-Unis n’était pas exclusivement la conquête de marchés pétroliers, ou la stabilisation des prix mais plutôt la pacification de la région, objectif revendiqué du gouvernement américain. Voilà qui est un peu ennuyeux pour la vraisemblance de votre leitmotiv - « le seul but de la guerre, c’est le pétrole». Ce n’est pas grave. Voici la pirouette que nous vous proposons : les Américains voulaient le pétrole mais – du fait de leur stupidité congénitale - ils n’avaient pas prévu qu’il faudrait du temps (et beaucoup d’argent) pour remettre en route ces exploitations. C’est vrai que les Américains n’ont jamais eu le sens des affaires et qu’ils ratent tout ce qu’ils entreprennent, ce qui explique d’ailleurs pourquoi les USA sont un des pays où une grosse partie de la population vit dans des conditions abominables (si, si, si, même Michael Moore le dit). CQFD.
L’Irak se démocratise. Les libertés sont rétablies, l’économie redémarre. Poussez un soupir : «encore et toujours cette guerre dont on parle depuis des mois et des mois ! » Dénoncez l’ultra-médiatisation de cette dernière. Affirmez que, pendant ce temps là, des choses autrement plus graves se passent dans le monde.

Source: Corentin de Salle
Juriste et Philosophe
Codirecteur de l’Institut Hayek Institute
 

À lire également

Les commentaires sont fermés.