Il fut un temps ou l'être humain, vous et moi, croyait son vis à vis et le pensait aussi bon, aimable et aussi serviable que lui.
Il ne savait pas que "l'autre", celui en qui il faisait une confiance aveugle(comme à lui-même), pouvait le trahir et abuser de sa confiance, chose à laquelle il n'avait pas pensé.
Sans le savoir, il se mettait à la merci de n'importe quel manipulateur et, La Fontaine, qui n'était pas idiot, a écrit: "que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute".
Tant qu'il s'agit de se faire arnaquer quelques €uros, sa voiture, sa femme ou autres biens matériels de ce monde, ce n'est pas bien grave et, la peine passée, nous oublierons l'offense. Mais que se passe il quand on vous pique votre conscience ?
La conscience, c'est notre bien le plus précieux. Vous n'avez pas la mienne et je n'ai pas la vôtre.
La conscience est intime, profonde, personnelle et unique en ce qui concerne l'individu.
Pour en changer, c'est possible, il faut un évènement majeur et une procédure qui va vous toucher et modifier le plus profond de vous même. Votre intimité.
Nous avons tous un jardin secret et nous y avons droit.
C'est notre refuge, notre chez soi, le lieu où personne, non personne, ne peux entrer si vous ne l'y avez pas invité. Il ressortira quand vous le déciderez et c'est le seul endroit au monde qui vous appartienne vraiment.
Il est tout de même des gens, peu scrupuleux il faut le dire, pour venir forcer la porte de votre espace secret et s'installer sur un banc de votre jardin comme le ferait un vulgaire coucou qui, nous le savons, ne s'embarrasse pas avec la politesse.
Le coucou, lui, s'envolera au premier coup de fusil parce qu'il sait qu'il n'est pas chez lui et trouvera un autre refuge. Le violeur de conscience, lui, ne se laissera pas chasser. j'y suis, j'y reste. Et c'est là que les problèmes commencent.
Nous avons quelqu'un qui s'est introduit dans notre espace intérieur et cherche à modifier l'agencement de la pièce en vous persuadant que ce n'est pas bien rangé et qu'il faudrait mettre de l'ordre dans vos pensées sous peine de........Il y a toujours quelques catastrophes à venir.
Imaginons que vous ne soyez pas d'accord avec les allégations de votre squatter. Il s'instaure en vous un combat entre votre réalité établie, et une nouvelle structure qui n'a pas sa place, pas encore, ni dans votre mental ni dans la profondeur de votre discernement. Le violeur devrait s'en aller. Non, il reste et ne vous lâche pas car il veut vous contraindre à son idée.
S'engage alors un combat silencieux entre vous et "l'autre", discret, pervers, qui déstabilisera votre mental, vous fera perdre confiance en vous même, et dénaturera vos relations avec votre entourage et tout ce qui va avec.
C'est le cas en particulier des adeptes victimes d'un mouvement, qu'il soit philosophique, politique ou religieux.
Nous nous intéresseront à la chose religieuse car c'est le sujet qui nous préoccupe le plus sur ce site et, la multiplication des sectes, qui fonctionnent toutes sur le même schéma, est un très bel exemple pour décortiquer le cheminement qui fait qu'un simple individu qui ne demande rien à personne se retrouvera enfermé, si il n'y prend pas garde, dans un système pervers qui fera de lui une poupée sans âme capable seulement de dire oui. Oui à qui ? Mais à son tourmenteur pardi.
Les chasseurs attrapent les lapins avec des collets et les hommes attrapent les autres hommes avec des idées.
Il faut savoir que, lassés d'une vie triste et insipide, la plupart d'entre nous sont à la recherche d'un "idéal" et sont des victimes cuites a point pour tomber dans les filets des malins qui visent à l'agrandissement de leur royaume et à la pérennité de leurs entreprises.
Le système religieux est un bon exemple (et une bonne affaire) car riches ou pauvres, croyants ou non croyants, tous sont interpellés par "'intemporel" et personne n'échappe aux questionnements intérieurs auxquels une personne normalement constituée sera confrontée à un moment ou à un autre de sa vie.
Le piège est tendu, il ne reste qu'à attendre le client qui ne tardera pas à foncer tête baissée dans une aventure si on lui propose argent, amour et sérénité ce qui chacun le sait manque à la plupart d'entre nous.
Le salut étant gratuit (à l'origine), on ne se méfie pas, et les premières rencontres sont de lait et de miel et on y revient parce qu'il fait vide et froid dehors.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Le nouvel arrivant est accueilli avec des cris de joies et on l'appelle par son prénom car on s'intéresse à lui, ce qui n'est que très rarement le cas, au point que notre dindon va se laisser séduire et accepter tout ce qui se raconte dans le lieu sans même chercher à comprendre, ce qu'on ne lui demande d'ailleurs pas.
Le poisson ayant mordu, Il faut le ferrer ce qui n'est pas bien difficile tant le prosélyte (qui s'ignore encore) est heureux de venir chez nous. Alléluia. Merci Seigneur !
Remarquons au passage que les adeptes si accueillants sont d'anciens piégés définitivement acquis au "système", qui vont jouer sans le savoir le rôle de tourmenteurs après avoir été les tourmentés.
Vient le moment de l'étape deux: L'enseignement.
Nous allons "former" le nouveau membre à notre façon de penser et le ligoter de telle manière que non seulement il n'ait pas envie de sortir, mais qu'il ferme sa ...bouche si l'envie lui en prenait. C'est là toute la subtilité de la démarche.
Les querelles d'idées étant maintenant réservées aux païens, notre homme faisant presque partie des élus à présent, on va aller chercher plus profond, sa conscience, et la lessiver un peu avec quelques culpabilités qui le rendront plus blanc que neige à force de prédications, études, réunions, jeûnes, bref, toute la panoplie du parfait guru disponible dans n'importe quel manuel de vulgarisation de la psychologie comportementale. J'ai lu hier soir sur un site Internet que les apprentis pasteurs Africains se payaient le voyage aux USA pour la circonstance.
L'aspirant sauvé, il s'agit de cela maintenant, va écouter et enregistrer l'enseignement, un vrai bourrage de crâne, des responsables et se plier aux règles de l'endroit qui disent : Moi je parle et toi tu écoutes.
Comme tout le monde est toujours très gentil, sûrement grâce à la politique de la maison, je me laisse faire et me plait beaucoup ici d'autant plus qu'il y a de la chaleur et que dehors, il fait toujours aussi vide et aussi froid.
Vient le jour du passage à l'acte.
Les enseignements sont secondaires car je n'ai pas vraiment besoin de comprendre puisque de toutes façons ce sont les autres qui parlent. Il faut dire que je ne serais vraiment des leurs (appartenance à un groupe) qu'une fois baptisé car il faut faire acte public pour être accepté au sein d'une organisation, lquelle qu'elle soit. Le bizutage quoi.
Il est à remarquer que le mot "baptême" veut dire trempé; Immergé dans.
Si je veux être immergé dans le groupe, je dois y aller, mais ce n'est pas désagréable d'autant plus que j'aurai quelques cadeaux et je ne me sentirai plus étranger et on m'appellera frère. De toute façon, pas de baptême, pas de salut.
Je n'ai pas encore très bien saisi cette histoire de salut, mais j'ai tout mon temps maintenant. Et puis, il va y avoir des études bibliques et puis les autres m'expliqueront et puis......
Bon, je suis baptisé maintenant. Alléluia ! Gloire à Dieu ! Merci Seigneur !!!
Je fais maintenant partie de la grande famille et je suis reçu chez l'un et chez l'autre et je nage en plein bonheur. Je nage en plein bonheur jusqu'au jour ou...
Le jour ou, faisant partie de l'intimité de la communauté je remarque que ce qui est prêché à grande force "d'alléluia !" n'est en fait pas mis en pratique et que les sourires et joies de dimanche matin s'effacent en semaine dans le quotidien de mes frères qui me diront bien sûr que ce n'est pas grave, que Dieu connaît notre coeur (ho! oui) et que je ne dois pas juger un frère (sous peine de condamnation) et que cela ne me regarde pas car ce n'est pas moi qui enseigne. Ce que je commence déjà à regretter.
Comme cette démarche est éternelle, plus moyen de m'en débarrasser. On m'affirme que dans tous les mouvements religieux c'est pareil, que je suis trop jeune pour comprendre et qu'il faut patienter et attendre le temps de Dieu. (!!!???)
Je commence à me poser des questions, mais on me réponds avec un verset biblique et on me persuade que j'ai tord là ou justement j'ai raison. C'est moi qui me trompe et je ne dois pas parler.
Mes convictions, les nouvelles, sont mises à mal par la réalité des actions des prêcheurs et prêcheuses, et la seule façon de faire taire mes nouveaux tourments est justement de faire taire ma conscience. C'est là que commence l'oeuvre du violeur de conscience.
Plein de bonne volonté et fort de l'intégrité nouvelle qui m'anime maintenant que j'ai accepté la façon de penser de Dieu, fort de mon statut d'homme de paix et de vérité, je ne soupçonne évidemment pas que je suis tombé dans un piège duquel je vais mettre un bon nombre d'années à m'échapper. Si j'en réchappe.
Toutes les excuses sont bonnes pour contrecarrer mon questionnement et des réponses-clés s'opposent à mes tentatives de comprendre qui se feront de plus en plus rares car, bien sûr, on m'a appris avec amour que j'étais un bébé spirituel et qu'il me faut du temps pour grandir.
Je ne me dis pas que certains de mes coreligionnaires ont plus de 20 ans de "conversion" et se comportent comme si ils n'avaient jamais quitté "le monde", expression favorite des lieux où on préfère vous enfermer mentalement plutôt que de vous voir prendre le risque de vous souiller au contact des gens de l'extérieur. Lol ! comme dirait un de mes amis qui navigue.
Mon jardin secret est occupé. Je n'ai plus le droit de penser.
Ma conscience lutte, mais je ne le sais pas, pour garder son intégrité et combat un adversaire que je ne n'imagine pas. Mon discernement s'exerce mais mes pensées sont brouillées, ma logique chancelle et je ne sais plus ou j'en suis.
Les forces de l'adversaire ont raison.Il faut me taire et continuer à assimiler la doctrine "qui vient de Dieu" que je n'ai pas le droit de mettre en doute sous peine d'excommunication, ce que je redoute puisque maintenant, je n'ai plus d'amis vu qu'on m'a appris à éviter mes anciennes relations. Ce n'est pas un mal d'ailleurs car ce sont des perdus voués aux flammes de l'enfer.
Je suis donc seul avec moi-même et ce moi-même, je ne sais plus qui il est.
L'autre est là, régentant l'emploi de mon temps, l'emploi de l'argent, les décisions, les projets, la vie.
Non, je ne suis plus moi-même. L'autre vit en moi et ce n'est pas ce qu'on m'a promis. Sérénité, richesse, plaisir, paix, tranquillité, où êtes vous ?
Je me surprends à parler comme mes frères, penser comme mes frères, me laisser asservir comme les autres alors que je désapprouve au fond de moi ce que je fais. Le violeur de conscience me tient et ne me lâchera pas.
Je lis dans les magazines qu'il existe des sectes, des endoctrinements, de la programmation, des associations anti-sectes, du sauvetage des victimes, des ateliers de dé-programmation, mais cela ne me concerne pas. Nous, on est dans la vérité. Ces gurus, tous des bandits.
Je continue à accepter l'inacceptable,l'hypocrisie (la mienne), la fausse religion, les faux témoignages, la complicité de duplicité, le meurtre d'Etienne et la crucifixion d'un Jésus innocent.
Je suis pharisien, inapte à l'amour, je regarde mourir spirituellement mes congénères et vais avec eux dans la rue chercher les futures victimes qui seront sacrifiées sur l'autel des statistiques auxquelles nous pensons chaque années, ne serait-ce que pour calculer une projection des futures recettes en direction du banquier qui prêtera à la dénomination la somme nécessaire à l'achat du terrain pour construire une nouvelle "église".Même si la Bible déconseille les emprunts.
Je suis fatigué de combattre. Je suis usé de toujours avoir à souffrir. je veux partir, je veux m'en aller.
La délivrance.
On t'interdit même d'aller ailleurs voir là-bas si j'y suis, dit Jésus. Tu et parti.
Le regard de tes frères, dans la rue, est devenu fuyant et tu es rentré dans la tristesse.
Les belles déclarations d'amour de la semaine dernière, encore, n'existent plus. Tu n'existes plus pour tes frères
En t'en allant, tu deviens un paria, presque leur ennemi, et tu comprends maintenant que quelquechose ne tourne pas rond dans l'endroit que tu viens de quitter.
Tu rencontres des gens, tu commences à grandir. La liberté que tu avais perdue remplit tes poumons, et une paix merveilleuse s'empare de toi comme si tu étais libéré d'un poids qui te tenait courbé.
Tu retrouves des forces, et quand ton guru enverra ses disciples pour récupérer ton âme, tu sauras dire "non" et montrer à ces gens que tu sais exister.
Après quelque tentatives de séduction, de chantage, de menaces même, tes ex te laisseront en paix et t'oublieront très vite. Ils t'aimaient parce que tu étais des leurs. Ce n'était pas l'amour qu'ils prêchaient. Tu peux très bien t'en passer.
Puis passent les jours et passent les semaines.
Loin de l'influence du violeur, tu peux maintenant penser, retrouver ton jardin et décider par toi même ce qu'il y a lieu de faire.
Ton Dieu, ton conseiller est prés de toi. Il n'est plus remplacé par ce qui se mettait entre ton Seigneur et toi et tu réalises que la religion ne te rapproche pas du ciel. Elle met au contraire un mur entre ta foi et ton créateur.
Aujourd'hui tu vois clair et regarde ces frères qui sont restés prisonniers du violeur de conscience.
Pendant bien des années, encore, tu n'as pas osé parler de peur de diffamer. L'influence de cet esprit malin, très malin, t'a poursuivi jusqu'à hier encore.
Mais ce soir, tu as pris ta plume et tu as écrit. Le violeur...garde à toi !
Jack Paloque-Berges